Dès mes premiers pas dans la formation, j’ai très vite compris la radicale différence entre l’infirmière à l’hôpital, au service d’une grande machine institutionnelle et l’infirmière en libérale qui déploie ses soins directement au domicile des patients.
Ce n’est pas une mince différence. A l’hôpital, le patient est « tout petit » face à l’énorme machine de santé. A domicile, le rapport change, le patient malade est certes diminué, mais il est sur « son » territoire. C’est sans doute, la raison pour laquelle l’échange est plus direct. Nous touchons à l’intimité, les barrières des relations ordinaires tombent vite, du coup, la relation s’approfondit, devient plus riche et plus intense.
Dans ce cadre, je me sens plus responsable et plus libre dans ma façon d’exercer. Je dois faire des choix, parfois décisifs, et les assumer. Ce n’est pas rien.
Certes, cette autonomie se paye cher par des conditions de travail pas toujours faciles (des tournées qui peuvent commencer à 5h du matin et parfois se finir à 22h), un stress important pour réussir à répondre aux demandes des patients et de leurs proches et enfin, gérer la part administrative, écrasante et chronophage.
Le « chez soi » est un lieu rassurant, un espace essentiel au confort physique et psychologique de tout un chacun. A la maison, nous préservons les habitudes, les rituels. Les patients sont souvent entourés, par leur famille ou leurs amis. S’ils sont seuls, nous leur apportons une réelle présence, régulière et nous mettons souvent en place un support social autour d’eux (bénévoles, voisins, kiné, etc….).
Tout cela me donne le sentiment d’être au cœur de la vie, d’être proche du sens profond de mon existence : la vie, la souffrance, la mort, mais aussi l’amour, le soin, le don et le partage.